EXCLU - Robbie Fowler : "Toute ma carrière est un grand moment"
Exilé en Australie où il a signé avec les North Queensland Fury, Robbie Fowler n'en a pas moins oublié le club de son coeur, Liverpool. En exclusivité pour Goal.com, il revient sur sa carrière, les Reds et ses souvenirs.Goal.com: Commençons par une question brûlante... Pensez-vous que Liverpool a les moyens de dépasser Manchester United ?Robbie Fowler : Je pense. Si vous me l'aviez demandé il y a trois ou quatre semaines, je vous aurais répondu que c'était un peu difficile. Mais le match face au Real Madrid a été un tournant de la saison et désormais, ils ont toutes leurs chances. Ils sont venus à Old Trafford et ont fortement malmené MU. Ils sont dans une bonne dynamique et j'espère qu'ils vont la conserver jusqu'au bout, même si ce sera difficile.
Goal.com : Pourquoi pensez-vous que Liverpool est plus consistant et et performant en Europe qu'en Angleterre ?
RF : C'est difficile à expliquer... Vous commencer un match et parfois, vous perdez des points à la maison... Quand vous jouez à domicile face à des petites équipes de Premier League, parfois il est difficile de faire la différence face à elles. Les grosses écuries comme Manchester United ou le Real Madrid ouvrent le jeu et attaquent. A la maison, il y a toujours un danger à attaquer car vous laissez des espaces. Vous devenez donc un peu plus prudent et quand vous concédez un but, c'est difficile de renverser la tendance et de marquer deux fois, surtout dans le football actuel.
Goal.com : Peut-être est-ce dû à la pression du stade et aux attentes des fans de Liverpool ? L'avez-vous déjà ressenti en tant qu'attaquant ?
RF : Je ne pense pas que c'est nécessairement les fans, mais plutôt parce qu'on joue à Liverpool. Et que ce soit la presse ou les fans, vous devez battre les plus petites équipes, simplement parce que vous êtes Liverpool.
Goal.com : L'environnement est totalement différent en Australie. Etes-vous soulagé de ne plus ressentir cette pression des sommets ?
RF : Le football, c'est le football. Je fais le mieux que je peux. Ma conduite et mon ambition n'ont pas changées, je ne peux pas me détendre au soleil.
Goal.com : Comment avez-vous ressenti les doutes autour de votre motivation lors de votre arrivée en Australie ?
RF : Je n'ai pas de doute sur ce que je dois faire. Je n'ai pas à prouver à qui que ce soit ce que le football représente pour mois. Les gens ont leurs propres raisons, opinions et idées. Les miennes ne changent pas.
Goal.com : Vous étiez présent lors de la demi-finale de Ligue des champions face à Chelsea. Ils avaient alors gagné au pénalty. Pensez-vous qu'ils pourraient recommencer grâce à l'effet Hiddink ?
RF : La bonne dynamique est pour Liverpool et Chelsea n'est pas aussi confiant qu'à l'époque. Les matchs face à Chelsea sont toujours serrés et gagnés par un ou deux buts d'avance. Heureusement, ils seront toujours en faveur de Liverpool, enfin je l'espère.
Goal.com : Quel était votre secret, pour toujours être présent dans la surface de réparation au bon moment ? C'est quelque chose que vous avez travaillé ou c'était inné ?
RF : Je pourrais vous dire que c'est naturel, mais j'ai travaillé pour cela. Je me suis souvent entraîné avant et après l'entraînement. C'est une chose d'être là au bon endroit au bon moment, mais il faut être intelligent pour bien se placer et faire les bons gestes. Mais je pense que je suis meilleur qu'au début : je suis plus qu'un buteur et les gens ne prêtent pas assez attention aux autres parties de mon jeu.
Goal.com : Vous devez vous adapter votre jeu à un football complètement différent en Asie.
RF : Venir ici est un nouveau challenge. C'est difficile pour moi de dire que je vais jouer la Ligue des champions asiatique. Je dois travailler un grand nombre de choses, m'adapter à une nouvelle équipe, de nouveaux joueurs... L'entraîneur, Ian Ferguson a construit une belle équipe et il est content de ce qu'il a.
Goal.com : Vous êtes désormais suivi de près médicalement et disposez d'une approche plus scientifique de votre préparation, est-ce une nouvelle expérience pour vous ?
RF : Il faut s'acclimater dans un pays chaud. Je suis donc venu un peu plus tôt, dans une chambre climatisée pour m'habituer plus vite que la normale. Avant le début de la saison, j'espère que je serais en forme. Pour l'instant, je veux prouver que je suis dévoué au club et que je veux très très bien faire.
Goal.com : Avez-vous été impressionné par le niveau de professionnalisme de votre club ?
RF : Je connaissais pas mal de choses sur les structures du club et j'ai beaucoup parlé avec le président et l'entraîneur. Ce dernier est fantastique, les installations sont excellentes et j'ai été rapidement intégré.
Goal.com : Etait-ce vrai que vous étiez un fan d'Everton ? Comment en êtes-vous arrivé à jouer pour les Reds ?
RF : Quand j'étais très jeune, je les suivais, mais j'étais à Liverpool quand j'ai eu onze ans et je suis devenu l'un de leurs fans. Malgré tout, j'ai grandi en voyant un très très bon Everton, mais j'ai toujours pensé que Liverpool était une meilleure équipe.
Goal.com : Jamie Carragher affirme qu'il aurait eu plusieurs occasions de quitter Melwood pour Everton en dix ans. Vous qui avez passé votre enfance à Everton, auriez-vous fait pareil ?
RF : Avant d'avoir 14 ans, j'ai eu l'opportunité de signer à Everton, mais je suis resté loyal à Liverpool. En ce temps-là, cela aurait été plus facile d'aller à Everton, mais je suis heureux des décisions que j'ai prises !
Goal.com : Comment était la vie à Liverpool ? Avez-vous déjà pensé à ce qu'elle aurait pu être sans le football ?
RF : Depuis ma plus tendre enfance, je voulais être un footballeur (...) J'aurais pu faire du rugby ou du football australien, mais où j'étais, le football prédominant. C'était à la télévision tout le temps et c'était tout ce que je voulais faire.
Goal.com : Dans un pays où le football n'est pas si ancré, pensez-vous être un promoteur du jeu ?
RF : Je ne vois pas les choses comme ça, mais s'ils veulent m'utiliser pour le promouvoir, ce serait génial ! Quand les Australiens se mettent à un sport, ils sont généralement très bons, donc pourquoi pas en football ? Depuis deux ans, j'ai déjà noté des différences dans le jeu. Ce serait génial que les progrès continuent pendant mon passage.
Goal.com : Avez-vous parlé à Ian Rush qui avait lui aussi joué en Australie ?
RF : Pour être honnête, j'avais complètement oublié qu'il avait joué ici et encore plus qu'il avait disputé le tournoi olympique ! Je lui demanderai la prochaine fois que je le rencontre.
Goal.com : Comment avez-vous vécu l'échec à Leeds United ?
RF : Nous avions de bons joueurs et quand je suis arrivé, nous étions en dans les premiers du championnat. Pendant l'année, j'ai été blessé, j'ai joué 24 matchs pour 12 buts. Les gens parlent d'échec, mais ils devraient regarder les statistiques, notamment le fait que j'ai été blessé pendant longtemps non ?
Goal.com : Pouvez-vous nous expliquer le geste que vous aviez fait après une réalisation, sniffer la ligne de but ?
RF : C'était juste un truc marrant ! Avec le recul, ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, mais c'est quelque chose que je voulais faire...
Goal.com : La jovialité est le mot qui vous caractérise, ainsi que vos coéquipiers ?
RF : Le football est un jeu très sérieux et parfois vous devez l'être... Mais vous devez aussi vous relâcher de temps en temps.
Goal.com : A ce propos, que pensez-vous de l'ultra-discipline prônée par Fabio Capello ?
RF : Chaque entraîneur est différent et chacun veut apporter son propre message. Dans le même temps, tous les joueurs ne réagissent pas pareil. Je ne peux pas répondre à leur place, mais je peux dire qu'ils ont de bons résultats.
Goal.com : Votre succès en sélection n'a jamais atteint celui en club. Pourquoi ?
RF : Je ne sais vraiment pas. J'aurais dû avoir plus de sélections... Je ne sais pas par où commencer. J'ai marqué peut-être 100 buts avant ma première sélection et aujourd'hui vous avez parfois 30 ou 40 sélections avant de marquer un but ! J'ai disputé des Euros et des Coupes du monde et j'ai tout fait pour mon pays.
Goal.com : Pouvez-vous nous expliquer la pression qui s'abat sur les joueurs anglais ?
RF : Vous sentez cette pression des fans et de la pression. Selon les médias, la Premier League est le meilleur championnat, et de loin, donc les joueurs anglais sont très très bons. Le onze anglais peut battre n'importe qui, mais parfois, cela ne fonctionne pas comme ça. Cela fait longtemps qu'elle n'a rien gagné alors que les joueurs sont fantatisques.
Goal.com : Le nombre d'étrangers n'est pas un problème selon vous ?
RF : Je ne pense pas. Si vous regardez l'équipe nationale, elle pourrait être toujours dans les meilleures équipes du monde....
Goal.com : Quel est le meilleur footballeur ave lequel vous avez travaillé ?
RF : Je suis certainement un peu influencé, mais Steve MacManaman a été un très bon coéquipier et il a été incroyable à Liverpool. Il pouvait simplement prendre la balle et courir tout le terrain avec. Je suis également chanceux d'avoir joué aux côtés de Paul Gascoigne, John Barnes et Steven Gerrard.
Goal.com : Qu'avez-vous pensé du passage de Gérard Houllier ? Il a été l'une des causes de votre départ.
RF : Il a gagné cinq trophées en une saison, ce qui est inimaginable. Je ne voulais pas quitter Liverpool, mais j'ai senti que je n'avais pas le choix et je suis parti en larmes.
Goal.com : Avez-vous regretté ce départ ?
RF : Je ne parlerais pas de regret, le mot est un peu fort et je n'ai que rarement eu des regrets dans ma vie. Je préfère regarder ça autrement : si je n'étais pas parti, je ne serais pas revenu 4 ou 5 ans plus tard. Et ce retour m'a fait tellement de bien : après avoir signé mon contrat, j'ai sauté dans ma voiture, j'ai crié et j'ai commencé à pleurer ! J'étais comme un gamin à Noel.
Goal.com : Pas de reproches envers Houllier alors ?
RF : Je l'ai vu de nombreuses fois depuis et ce qui est arrivé, est arrivé. La vie est trop courte pour avoir des ressentiements. Je pense que c'est pareil pour Gérard.
Goal.com : Et en ce qui concerne Graeme le Saux ?
RF : J'étais jeune et les gens faisaient des choses stupides à propos de moi. J'ai fait pareil. Nous n'avons pas eu de problèmes entre nous : ce qui se passe sur le terrain y reste, c'est différent de ce qui se passe dans un bar ou dans les vestiaires.
Goal.com : Quel est le plus grand moment de votre carrière ?
RF : Il n'y a pas qu'un seul moment. Les trophées sont des grands moments. J'aime le football et j'aime jouer au football. Toute ma carrière a été un grand moment. J'ai été assez chanceux pour remporter des trophées, mais j'aime tout simplement le football. Marquer est un sentiment génial. Si je n'avais pas été pro, j'aurais joué le dimanche !
Goal.com : Quel sera votre avenir ? Entraîneur ?
RF : Je veux rester dans le football, mais pour l'instant, simplement me me concentrer sur le jeu. On verra dans plusieurs années...