Le pistolero a enfin dégainé. Bridé depuis Montpellier par la stratégie d'Astana qui privilégiait le statu quo, Alberto Contador a enfin pu montrer dimanche avec l'attaque des Alpes à Lance Armstrong, à son équipe et à l'ensemble du peloton qu'il était bien le meilleur grimpeur actuel et le grand favori du Tour de France. Sans l'aide de personne, l'Espagnol de 26 ans a survolé les huit kilomètres d'ascension vers Verbier, en lançant à six bornes de la ligne une attaque si caractéristique de son style : d'abord une première « giclette » pour creuser un premier écart et écoeurer la concurrence, puis une progression régulière dans les quinze virages de ce mini Alpe d'Huez avec des relances constantes en danseuse, et la simulation du coup de pistolet au passage de la ligne. Personne n'est mort dimanche dans la station suisse mais le vainqueur du Tour 2007 peut compter les blessés autour de lui.
Aidé par Klöden, Armstrong est deuxième
Rinaldo Nocentini abandonne son Maillot Jaune après avoir bouclé l'étape en 19e position (à 2'36'' de Schleck), quelques secondes derrière Christophe Le Mével (16e du jour). Le coureur de la Française des Jeux reste néanmoins dans le Top 10 au général.
Parfois craints pour leur pente pas assez raide pour créer le spectacle, les huit kilomètres de cette montée inédite sur le Tour ont en effet causé des dommages dans un classement général qui peinait à se décanter : hormis Andy Schleck, tous les autres coureurs ont lâché plus d'une minute. Pour semer la concurrence et décrocher sa deuxième étape sur le Tour après le Plateau de Beille en 2007, Alberto Contador a éreinté un peloton exténué par le rythme d'enfer imprimé par Astana, Liquigas ou Garmin dans la vallée pour revenir sur les dix échappés de la matinée (dont Moncoutié, Fédrigo). En l'accompagnant dans un groupe de cinq coureurs jusqu'à six kilomètres de la ligne, Lance Armstrong a fait illusion avant de rentrer dans le rang après l'attaque de Contador et les contres des frères Schleck. Obligé de rester dans la roue d'Andreas Klöden missionné pour l'accompagner, l'Américain a franchi la ligne en neuvième position (à 1'35'') mais reste deuxième au classement général (à 1'37'').
La menace s'appelle Saxo Bank
La menace se précise néanmoins pour Lance Armstrong et l'armada Astana : plus que le tenant du titre Carlos Sastre (6e du jour à 1'06'') ou Cadel Evans (7e à 1'26''), seule la formation Saxo Bank apparaît assez armée pour retarder le sacre d'Alberto Contador : les hommes de Bjarne Riis ont imposé un rythme insoutenable au pied de la dernière montée grâce aux moteurs Voigt, Sorensen et Cancellara avant de lancer les frères Schleck à l'assaut. Courageux et offensifs, Andy et Frank ont bouclé la journée en deuxième (à 43'') et quatrième positions (à 1'06'') et se replacent dans le top 10, avec le podium à leur portée. Il leur faudra déloger le surprenant Bradley Wiggins : le rouleur de Garmin est troisième du général (à 1'46'') après avoir bouclé l'ascension avec Nibali, F. Schleck et Sastre. De quoi faire jaser pendant la journée de repos. - Anthony THOMAS-COMMIN, à Verbier.